
Le lexique
Les cours de français sont aussi l'occasion d'enrichir son vocabulaire, et pas forcément littéraire : on compte ainsi 60 000 mots français dans le dictionnaire Le Petit Robert ! Ainsi, de l' « anthropomorphisme » à la « vanité » en passant par le « poulet », faisons le tour des mots que nous avons vus ensemble...

L'Anthropomorphisme
n.m.
L'anthropomorphisme désigne le fait de prêter des qualités humaines (et même des attributs physiques, psychologiques, culturels : des bras, des sentiments, un métier...) à ce qui n'en a pas normalement. Un arbre qui pense, un singe qui porte une brouette, un corbeau qui parle avec un camembert dans la bouche... Tous ces exemples sont des cas (extrêmes) d'anthropomorphisme (et on peut même parler d'anthropomorphisation).
On voit donc que les Fables de La Fontaine (et avant lui des auteurs grecs et latins Phèdre et Ésope) sont des cas intéressants d'anthropomorphisme.
L'intérêt, pour un fabuliste (auteur de fables), d'utiliser l'anthropomorphisme, c'est qu'il n'aura pas besoin de représenter clairement ce qu'il souhaite critiquer (le Roi représenté par un Lion, la vanité des hommes représentée par un Chêne...) - c'est donc, aussi, un moyen d'éviter la censure !
Un Barbare
L'étymologie (l'origine) du mot barbare est très intéressante : en grec ancien, « bárbaros » est un mot intraduisible, une onomatopée, une sorte de mot-chewing gum ! Le barbare, c'est donc celui qui ne parle pas notre langue, le non-civilisé, celui qui fait des borborygmes, des bruits incompréhensibles.
L'adjectif qualificatif barbare (qui aujourd'hui signifie violent, vulgaire...) veut donc dire, étymologiquement, étranger, différent !
n.m.

Un Chœur
n.m.
Dans le théâtre de l'Antiquité, grec et latin, le Chœur est un personnage à part entière : c'est un groupe de personnes qui prennent collectivement la parole pour commenter l'action qui est en train de se passer sur scène.
Des auteurs plus récents (Racine, par exemple, au XVIIe siècle) ont également utilisé ce personnage du chœur qui est utile au théâtre : c'est lui qui va nous indiquer ce qui va se passer, la tragédie qui va s'abattre sur le héros mais que ce dernier ne voit pas !
Bien sûr, le chœur a également été employé en musique (chœur et chorale ont la même étymologie) : il désigne alors un groupe de personnes qui chantent la même partition en même temps (ou non, s'ils font un canon)...
In medias res
expression
On peut parler, notamment concernant les romans ou les pièces de théâtre, de débuts in medias res.
Cela signifie que le texte débute directement par une action déjà commencée : le lecteur ouvre l'œuvre alors que quelque chose d'important est déjà en train de se passer.
À l'origine, c'est une expression latine qui signifie « au milieu de quelque chose ». L'intérêt d'un tel début (commencer directement par de l'action sans que le lecteur ne sache forcément de qui ou de quoi on parle) est de rentrer dans le feu de l'action immédiatement ! Pas de « chichis » littéraires, pourrait-on dire, pas de description, ni d'introduction.
Il existe beaucoup d'exemples, en littérature, de débuts d'œuvres « in medias res », comme Le Tartuffe (pièce classique de Molière, 1669) qui commence par une dispute familiale ou bien Bel-Ami (roman réaliste de Maupassant, 1885) qui nous montre son héros, George Duroy, à qui une caissière vient de rendre sa monnaie dans un restaurant.
La Double Énonciation
n.f.
La double énonciation est un élément très important en littérature : on la retrouve dès qu'il y a une communication (une énonciation) entre des personnages d'une œuvre. C'est donc surtout au théâtre et dans les lettres qu'on va la retrouver.
Il s'agit du fait que, dans un texte, l'auteur va s'adresser à ses lecteurs par le biais d'une communication entre ses personnages.
Imaginons, dans une pièce de Molière, deux serviteurs sur scène, Jacquot et Martin, qui discutent de leur maître. Ils le critiquent, se moquent de lui... Il est évident que la conversation est uniquement entre Jacquot et Martin (énonciation principale). Mais il y a quand même un phénomène de double énonciation : derrière ces personnages qui parlent, Molière cherche à dire à ses lecteurs que la relation entre les serviteurs et leur maître est tendue et que sa pièce va le montrer...
L'Ethnocentrisme
n. m.
L'ethnocentrisme est un mode de pensée que Montesquieu critique dans ses Lettres persanes et que le cinéaste Jean Rouch, dans son adaptation Petit à petit, va aussi chercher à ridiculiser.
Étymologiquement, ethnocentrisme est formé des mots « ethnos » (la tribu, le peuple) et « centrisme » (être centré sur quelque chose).
L'ethnocentrisme est donc le fait de penser que son propre peuple est supérieur aux autres, qu'il n'y a que lui qui compte. Quand on est ethnocentrique, on ne voit le monde qu'à travers sa propre culture, sa propre société.
Regardez la lettre 30 des Lettres persanes de Montesquieu.
Des Parisiens se demandent, de manière stupide : « Comment peut-on être Persan ? ». Les Parisiens ne comprennent pas que le monde ne tourne pas autour de Paris et qu'il est beaucoup plus grand que ce qu'ils imaginent ! Eh oui, il y a des Persans sur terre...
Galant
adj.
Etymologiquement, l'adjectif galant vient d'un vieux verbe français, galer qui signifiait « danser » (la gale, maladie à cause de laquelle on se gratte, on se démange, on bouge, a la même origine).
À l'origine, l'homme galant (la galanterie a d'abord été considérée comme une qualité exclusivement masculine...), c'est celui qui a des bonnes manières, qui est sociable, qui sait « se tenir » en société, respecter les conventions, être élégant... Tout un programme !
Ce n'est que petit à petit que l'adjectif a désigné le fait d'être courtois, poli, voire romantique, avec les femmes, puis, finalement, avec tout le monde !
L'Onomastique
n. f.
L'onomastique désigne l'étude des noms propres (noms de famille, noms de lieux...).
Il est toujours très intéressant, dans un texte, de faire des remarques onomastiques : regardez toujours les noms propres car les auteurs les choisissent souvent pour de bonnes raisons.
Tartuffe est un personnage de Molière. C'est un homme qui semble très croyant, respectant la religion catholique, mais qui est en fait un hypocrite absolu : il convoite les femmes, il aime bien manger... Mais si on regarde un peu l'onomastique, on s'aperçoit que Tartuffe vient de l'italien « tartufo », qui veut dire « la truffe ». Tartuffe n'est, sous ses beaux airs de croyant, qu'une grosse truffe ! Le personnage devient donc assez comique quand on sait cela...
Un Préambule
n.m.
Un préambule (étymologiquement, en latin, ça désigne « ce qui marche devant ») est un texte servant d'avant-propos, d'introduction à un texte plus long, plus développé...
Un Poulet
n.m.
Un poulet (en plus de désigner ce joli animal à plumes...) est un synonyme pour « billet doux », « mot tendre ». Ainsi, les Précieux et Précieuses aiment à recevoir de nombreux poulets secrets au XVIIe siècle !
Le Type d'un texte
n. m.
Le type d'un texte ne désigne pas la même chose que son genre (la catégorie à laquelle il appartient : le roman, la poésie...) ou que son registre (l'effet qu'il a sur le lecteur : tragique, comique...).
Le type d'un texte, c'est donc sa forme concrète : est-ce que c'est une description (type descriptif) ou plutôt une histoire, une action (type narratif) ou encore un dialogue (type dialogal) ? Cherche-t-il à convaincre (type argumentatif) ou à donner simplement une information (type informatif / explicatif) ?
La Vanité
n.m.
« Vanité des vanités, tout n'est que vanité ! »
On retrouve cette citation dans la Bible : elle signifie qu'à l'exception de la croyance en Dieu et de la religion, tout, sur la Terre (l'argent, le travail, l'amour), serait vain, futile, inutile.
La vanité est donc le caractère de ce qui est futile, sans intérêt. Mais, par extension, cela désigne aussi l'amour-propre frivole, le sentiment qui nous fait nous sentir supérieur. La vanité, c'est alors un synonyme de l'orgueil !
Galvauder
verbe
Galvauder signifie gâcher, déformer, quelque chose, par une mauvaise utilisation ou une utilisation trop fréquente.
On parle notamment d'expression galvaudée quand on emploie une expression tellement souvent qu'elle n'a plus aucun sens.

« Le coup de foudre ? Laisse-moi rire : ça n'existe plus, c'est complètement galvaudé ! »
Un Barbon
n.m.
« Barbon » est un terme péjoratif qui désigne un homme d'un âge avancé, un vieillard, un vieux beau.
Le terme vient de l'italien « barbone », qui signifiait « celui qui porte une grande barbe pointue ». Le barbon est un des personnages typiques de la comédie (notamment de la commedia dell'arte) : le vieillard pénible, acariâtre et méchant.
Le personnage de Georges Dandin, chez Molière, est l'exemple typique du barbon : un homme vieux, qui porte la barbe et qui est tyrannique auprès de sa jeune femme, Angélique.
L'Acmé
L'Acmé
n.f.
L'acmé désigne la phase d'intensité maximale de quelque chose.
Plus spécifiquement, en littérature, elle désigne le point culminant dans une tragédie (antique ou classique) : c'est donc le moment où la tension dramatique est la plus forte.
On parle également de climax, notamment au cinéma.
L'acmé désigne la phase d'intensité maximale de quelque chose.
Plus spécifiquement, en littérature, elle désigne le point culminant dans une tragédie (antique ou classique) : c'est donc le moment où la tension dramatique est la plus forte.
On parle également de climax, notamment au cinéma.
La Catharsis
n.f.
La « catharsis » est un mot grec qui désigne en français la « purgation (ou la purification) des passions » que le spectateur doit ressentir au théâtre.
C'est donc, par excellence, le but que doit atteindre une tragédie : faire en sorte que les spectateurs soient « allégés, purgés » des passions (la colère, la jalousie...) dont ils ont vu la représentation scénique — avec des personnages qui errent, font des erreurs et finissent souvent par être punis par un inévitable Destin funeste...
Le Clair-obscur
n.m.
Le « clair-obscur » (qui vient de l'italien « chiaroscuro ») désigne, en art, l'imitation de l'effet produit par la lumière en éclairant les surfaces qu'elle touche et en laissant dans l'ombre celles qu'elle ne touche pas.
C'est donc une technique artistique qui consiste en la représentation, sur une même surface, d'une zone éclairée par de la lumière et d'une zone assombrie.
Le clair-obscur, dans une peinture, permet de donner du relief au sujet représenté mais aussi de créer un effet d'intimité, de proximité avec ce sujet.
Un Harem
n.m.
Un harem (de l'arabe « حريم », endroit ou chose interdite) désigne, chez les musulmans, l'espace réservé aux femmes (et donc interdit aux hommes) dans une habitation. Dans les Lettres persanes, c'est l'endroit du palais d'Uzbek dans lequel ce dernier dispose de ses nombreuses compagnes (Roxane, Fatmé, Zélis, Zachi...).
Le harem est gardé par un eunuque (un homme castré) qui s'assure de sa protection et de sa paisibilité.
À la fin des Lettres persanes, un vent de liberté va souffler sur le harem d'Usbek et les femmes du protagoniste vont peu à peu chercher à se rebeller contre lui...
Explicite / Implicite
adj.
Est implicite tout ce qui n'est pas dit, tout ce qui est sous-entendu dans un texte (ou dans tout discours). Au contraire, l'explicite désigne tout ce qui est exprimé de manière directe. Dans un texte, l'explicite est ce qui est dit clairement, précisément, textuellement.
« Implicare », en latin, veut dire enrouler.
« Explicare », en latin, veut dire dérouler
Une Licence poétique
n.f.
La « licence poétique » est la possibilité, pour un écrivain (poète ou dramaturge), de prendre des libertés avec l'orthographe ou la prononciation — notamment pour respecter les règles classiques de la poésie (la versification et la prosodie).
« Le comte est donc si vain et si peu raisonnable !
Ose-t-il croire encor son crime pardonnable ? »
(Corneille, Le Cid, 1637)
« Mes yeux sont éblouis du jour que je revoi,
Et mes genoux tremblants se dérobent sous moi. »
(Jean Racine, Phèdre, 1677)
Le Dénouement
n.m.
Le dénouement est, au théâtre, la fin d'une pièce. Il consiste en la résolution des obstacles qui constituaient le nœud de l'action dramatique.
Le dénouement est donc, étymologiquement; le moment où l'on « dénoue », où l'on défait les nœuds problématiques de la pièce.
L'Exposition
n.f.
L'exposition (ou scène d'exposition) est, au théâtre, le moment qui commence la pièce. Elle peut coïncider avec la première scène de l'œuvre, mais peut parfois être plus longue !
Elle sert à présenter le contexte (lieu, époque), les personnages et l'intrigue (ou les intrigues) de la pièce. Elle peut chercher à étonner le spectateur ou, au contraire, à le faire entrer progressivement dans l'action.
L'exposition est au théâtre ce que l'incipit est au roman (ou à la nouvelle).
Humble
adj.
adj.
L'adjectif « humble » vient du latin « humilis » qui signifie bas, petit, pauvre (« humus », en latin, c'est la terre : celui qui est « humilis » est donc celui qui se tient près de la terre).
En français, une personne humble est une personne modeste, pas prétentieuse. « Humble » peut également désigner quelqu'un d'une condition sociale basse.
La Proposition Incise
n.f.
En grammaire, une « proposition » (c'est-à-dire un morceau de phrase composé d'un verbe, d'un sujet et accessoirement d'un complément) incise est une proposition qui se compose d'un verbe de parole ou de pensée (dire, s'exclamer, s'interroger, hésiter...) et d'un pronom personnel sujet. L'incise est mise entre virgules et accompagne un discours rapporté.
Traditionnellement, dans l'incise, on trouve une inversion du sujet et du verbe.
« Un baiser, ma fille, reprit le religieux, un baiser ! Vous n'y songez pas ! Comment donc ! Savez-vous bien qu'il ne faut jamais dire cela ? »
(Marivaux, La Vie de Marianne, 1731)
Un Hypocoristique
n.m.
Un hypocoristique est un mot (ou une expression) qui permet d'exprimer une intention tendre et affectueuse.
Le langage enfantin est rempli de termes hypocoristiques, qui fonctionnent par surnoms, redoublements : « Marco » (au lieu de Marc), « mon petit poulet », « chienchien », « fifille », « frérot »...
« La jeune femme qui est devant moi avec une petite fille en poussette lève la tête, sourit. Elle se penche vers l'enfant. « Regarde les lumières mon amour ! »
(Annie Ernaux, Regarde les lumières mon amour, 2014)